samedi 12 septembre 2020

De Kyoto à Copenhague, quel bilan pour quelles perspectives ?


De Kyoto à Copenhague, quel bilan pour quelles perspectives ?
A l’issue de son voyage dans l’Arctique, et à quelques semaines de la tenue de la conférence de Copenhague pour le changement climatique. Le secrétaire général des nations unies, monsieur Ban Ki Moon, a constaté de visu les ravages du changement climatique, a déclaré « Si nous ne prenons pas de mesures urgentes, nous serons obligés de voir un pôle Nord sans glace »et d’ajouter "C'est un moment crucialement important et historique où les dirigeants mondiaux pourront démontrer leur leadership politique dans la lutte contre le changement climatique. Nous devons parvenir à un consensus en faveur d'un accord global, équitable et équilibré sur le changement climatique à Copenhague".

Aussi dans son quatrième rapport, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) souligne que le réchauffement climatique, largement lié aux activités humaines, devrait se poursuivre avec une augmentation des températures comprise entre +1,8 et +4°C selon les meilleures estimations. Les conséquences de ce réchauffement se traduiront par des catastrophes naturelles plus violentes et une fonte préoccupante des glaciers et de la calotte glacière.

Est-ce là un aveu d’échec de tout ce qui a été entrepris des années durant, notamment depuis l’adoption, en 1992, de la convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, et son protocole de Kyoto de 1997 ?ou est ce l’ultime cri de détresse, avant qu’il ne soit trop tard ?

En prévision de l'expiration de la première phase du Protocole de Kyoto en janvier 2012.Les représentants de près de 200 pays se réuniront à Copenhague en décembre prochain pour négocier un accord, dans le but de réduire les émissions de carbone.

La convention et le protocole ont-ils atteint leurs objectifs, les réalisations sont elle à la hauteur du défi et des espoirs nés lors de leurs signatures ? La relance d’un autre protocole est elle nécessaire ?

Pour répondre à ces interrogations, notons d’abord que c’est la convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique qui marqua l’émergence d’un cadre international de lutte contre le changement climatique, ainsi que l’établissement pour la première fois d’un objectif général à atteindre qui est celui de stabiliser les concentrations de GES dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique.
Mais c’est le protocole de kyoto, qui donna le coup de starter à la lutte contre les changements climatique ;est ce par une fixation d’objectifs chiffrés, Juridiquement contraignant des émissions des pays développés. Il comporte des engagements de réduction des émissions pour 38 pays industrialisés, avec une réduction globale de 5,2 % des émissions de CO2 d'ici 2012 par rapport aux émissions de 1990.

L’entrée en vigueur du protocole de Kyoto était conditionnée par :
- La ratification du traité par au moins 55 pays, ce qui fut réalisé le 23 mai 2002 ;
- Les pays l’ayant ratifié émettent au moins 55% du total des émissions de CO2 de l’année de référence 1990, condition réalisée le 18 novembre 2004.
Le quorum ayant était atteint, le protocole est entré en vigueur le 16 février 2005.
En février 2009, 181 États ont signé et ratifié.

Ainsi et pour permettre une exécution facile des engagements pris en vertu du protocole, ce dernier prévoit la mise en place de trois mécanismes de flexibilité, à savoir :
- Le système international d’échange de droits d’émission ;
- Le mécanisme pour un développement propre ;
- La mise en œuvre conjointe.

Certains trouvent qu’il serait injuste de chercher à faire le bilan des réalisations du protocole, seulement cinq ans après sa mise en œuvre, d’autant plus que le plus grand pollueur de la planète (les Etats-Unis d’Amérique) ne l’a jusqu'à maintenant pas ratifié, sans compter la complexité de mise en œuvre de ses mécanismes.

Nonobstant ces contraintes, et loin de tout débat démagogique, encore moins d’un esprit détracteur, il est évident que tout engagement pris en vertu d’un quelconque protocole, doit être évalué objectivement afin d’apprécier l’efficacité des actions et programmes entrepris et de mesurer le degré d’atteinte des objectifs fixés.

En dépit des propos alarmistes et tout à fait légitimes du secrétaire général des nations unies et du GIEC, le protocole a permis pour la première fois de mettre fin aux émissions sans limites des GES, il est à cet égard considéré comme étant le premier instrument contraignant, il a permis en outre la mise en place de programmes nationaux de lutte contre le changement climatique par pratiquement l’ensemble des pays l’ayant ratifié, et ce par l’élaboration des communications nationales, prise d’inventaire nationaux de gaz à effet de serre, développement de programmes sensibilisation et de formation, prise de mesures d’atténuation des émissions. Au delà de leurs effets peu influents sur les changements climatiques, ces mesures ont permis d’associer les pays en développement à la lutte contre le réchauffement climatique ,mais aussi important que cela leur sensibilisation au phénomène, dont ils ne se sentaient pas concerné jusque-là.

La mise en place des instruments de flexibilité, a elle aussi connu un début d’exécution, ainsi Plusieurs marchés de permis d'émission ont été mis en place, Un système européen d'échanges de permis a vu le jour en 2005. Ce système à l’avantage de permettre un transfert de technologies, de financements et de compétences vers les pays en développement.
Des projets entrant dans le cadre du mécanismes pour un développement propre (MDP) ont été enregistrés ces dernières années, dont l’objectif vise à réduire l’émission de gaz à effet de serre dans le cadre de projets spécifiques, et à favoriser en même temps les initiatives en faveur du climat et du développement durable dans les pays en développement, ainsi pas moins de 1000 projets ont été validé, et qui ont permis de réduire une quantité de plus de 200 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an des émissions de gaz à effet de serre. Il est prévu le lancement de projets MDP pour un total de 2,7 milliards de tonnes d’équivalent CO2.d’ici l’an 2012.
Cependant, il y’a eu peu d’engouement pour les projets de mise en œuvre conjointe, qui permet, aux pays développés de procéder entre eux à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des crédits d'émission générés par les réductions ainsi obtenues. Il a été procédé à la validation de 22 projets seulement jusqu'à 2008.
En dépit de ces réalisations qui plaident en faveur du protocole, les émissions augmentent d’environ 1,5% par an, causant des dégâts irrémédiables à l’environnement mondial, les engagements pris par les pays de l’annexe I n’ont pas été totalement honorés, ainsi des 5.2% fixés, les diminutions n’ont pas dépassé les 2.5% et sont dues essentiellement à l’effondrement de l’union soviétique et la déconfiture de l’industries des ex états membres, certaines analyses montrent que les émissions des pays de l’annexe I, ont au contraire augmenté de plus de 10% par rapport à celles de 1990.
La non ratification par le plus grand pollueur de la planète (USA) du protocole, et la tergiversation d’autres pays développés à l’appliquer, a encouragé des pays émergents à l’instar de la Chine et l’Inde, à ne pas limiter leurs émissions en brandissant la thèse de la responsabilité historique de ces derniers, ainsi que le droit des pays en développement à rattraper le retard qu’ils ont accumulé, alors que les autres ont bâtis leur développement au dépens du climat, créant ainsi une polémique Nord- Sud., susceptible de réduire à néant tous les efforts accomplis. George W. Bush a justifié son refus de ratifier par le fait que la République populaire de Chine, second émetteur mondial de gaz à effet de serre, n’a pas d'objectif de réduction contraignant en vertu du Protocole.
Le financement du Fonds pour l’adaptation crée à cet effet, qui est chargé de financer des projets et programmes concrets d’adaptation dans les pays en développement qui sont Parties au Protocole de Kyoto, n’a récolté que la modique somme de 300 millions de dollars, alors que les besoin se situent autour de 50 milliards par an, cet état de fait dénote un manque d’engagement de la part des pays riches, plus grave encore certains pays voient dans le protocole une sorte d’arnaque, en témoignent les propos du premier ministre du gouvernement canadien à la limite de l’insolence, lors de la douzième Conférence des Nations unies sur le climat à Nairobi et qui a déclaré « Kyoto est essentiellement un complot socialiste qui vise à soutirer des fonds aux pays les plus riches.

Propos complètement déplacé quand on sait que dans son rapport annuel, la Banque mondiale a indiqué que les pays à revenus élevés, responsables de 64 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850, n'en supporteront les conséquences qu'à hauteur de 20 %. Les pays en voie de développement, à l'origine de 2 % de ces émissions, en paieront les frais à hauteur de 80 %.N’est-il pas légitime alors que ces pays demandent réparation des préjudices qu’ils subissent ?

Maintenant que Kyoto arrive à échéance, avec un bilan mi figue mi raisin, malgré tous les espoirs qu’il a suscité, un nouvel accord se profile a l’horizon, lors du sommet de Copenhague ou COP15, qui se tiendra du 7 au 18 décembre 2009, ou pas moins de 192 pays y participeront, avec plus de 15.000 participants officiels, accord qui entrerait en vigueur à l’expiration du Protocole de Kyoto en 2012.
Qu’attend t-on au juste de se sommet, serait il en mesure d’aboutir sur un accord définitif susceptible d’attirer l’adhésion de tous les pays ?est ce le rendez vous de la dernière chance ?
Il est à craindre de prime abord que cela n’est possible, au vu de certains signes annonciateurs qui précédent sa tenue, à commencer par les délais trop court pris pour sa préparation lors de session informelle de la convention cadre des Nations Unies sur le Changement climatique, tenue a Bonn, du 10 au 14 aout et de quelques autres rencontres, qui ne sont pas arriver a murir suffisamment les points à discuter, pour parvenir a un accord global.
Il est aussi à craindre que ce sommet, ne consacre l’affrontement, entre pays riches d’une part et pays en développement et pays pauvres, d’autre part, qui se profile a travers les positions des différents camps une sorte de donnant –donnant difficile à concrétiser. En effet et selon les déclarations de monsieur Zénawi, porte - parole du continent africain, aux membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (Ocde), le 03 septembre 2009 à Addis Abéba en Ethiopie, qui a annoncé que les africains quitteraient les négociations si leurs revendications ne sont pas pris en compte. L'Afrique craint, à juste titre, que les pays pauvres, moins pollueurs, soient les premières victimes du changement climatique.
De leurs cotés les pays emergents, chine, et Inde en tète, veulent défendre leur droit à développer leur économie, jouant sur la responsabilité des Etats-Unis et de l’Union Européenne dans la dégradation de l’environnement mondial dû principalement aux changements climatiques, en plus du et le non respect des engagements pris auparavant par ces derniers.
Du coté des états unis, rien n’est encore clair, malgré les signaux positifs émis par la nouvelle administration, cependant il faut beaucoup plus de temps et d’actions pour pouvoir découdre avec les positions radicales de l’ex administration.
Quant aux européens, qui sont les seuls a avoir accompli des efforts palpables, ils seront appelés a faire encore plus de concessions, afin de satisfaire a leur engagements ,et de faire admettre leur vision qui se base sur une stratégie globale de développement sans carbone, ainsi que le développement des technologies plus propres, aux autres pays beaucoup plus réticents envers le sujet.
Les dissensions et l’opposition des positions, la divergence des intérêts difficilement conciliables des principaux acteurs, sont autant d’indices qui plaident à la difficulté d’aboutissement à un accord global, mais il reste a espérer que les voix de la sagesse et du bon sens l’emporteront, et que le rendez vous de Copenhague soit à la hauteur des attentes, et l’ultime chance de voir tous les participants unis pour aboutir à la signature d’un accord salvateur qui devra définir les nouveaux objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques, car c’est l’avenir de notre planète qui est entrain de se jouer.
Il est à espérer que cet avenir ne soit pas compromis par l’égoïsme des uns et la désinvolture des autres.
CHAALAL MOULAY ,article diffusé in http://www.developpementdurable.com/politique/2009/10/U131/de-kyoto-a-copenhague-quel-bilan-pour-quelles-perspectives.html

1 commentaire:

  1. super job et tres bonne analyse

    mais je ne suis pas certains que les politiques des pays en developpement soient conscients de leur role et de la necessité d'exiger des contreparties à la hauteur de notre faible emission de gaz a effet de serre
    akdg67@hotmail.com

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